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UnCanny Valley - Script VF

(Son d’une télé allumée)

Jack (NARRATEUR) : Le Château de St-Gallows, à 24 kms de Cardiff. Le gars qui écoute la télévision s’appelle Neil Redmond. 35 ans, et l’un des types les plus fortunés d’Europe.

FEMME REPORTER à la tv : des représentants des industriels de la défense internationale sont arrivés aujourd’hui à St-Petersbourg pour la foire annuelle de l’armement organisé par le ministère de la Défense et de la Sécurité Internationales. L’événement a été critiqué par des associations caritatives qui dénoncent ici une recrudescence de la violence dans les pays émergents. Nous nous rendons en direct à St-Petersbourg où Neil Redmond, directeur général d’Artemis, va prendre la parole.

NEIL REDMOND (à la tv) : Merci ! Merci ! C’est un triste constat de notre monde actuel qu’en temps de crises - environnementale, économique, humanitaire – nous devons nous tourner vers des armes de guerre. Et pourtant, c’est dans ces moments-là précisément que notre système de défense est à son apogée.

JACK (NARRATEUR) : je sais ce que vous pensez…

NEIL (en direct) : j’aimerais m’adresser à nos forces actives.

JACK (NARRATEUR) : comment un homme peut être à deux endroits différents en même temps ?

NEIL : rentrez chez vous ! Je ne veux pas vous voir voler dans Londres. Pas comme la dernière fois. Ce sera tout.

JACK (NARRATEUR) : eh bien, disons que Neil Redmond n’est pas un homme comme les autres.

(Une sonnerie retentit)

NEIL : mais qu’est-ce… ? (allume l’interphone) Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

JACK (à l’extérieur) : Mon nom est Jack Harkness. J’aimerais m’entretenir avec M. Redmond.

NEIL : il n’est pas là, d’accord ? Il est parti pour affaires. Et ceci est une propriété privée.

JACK : je viens pour vous aider.

NEIL : si vous ne partez pas sur le champ j’appelle la police !

JACK : Monsieur Redmond, je sais que vous n’êtes pas à St-Petersbourg, nous devons parler.

(La sonnette retentit à nouveau et la porte s’ouvre sur une pluie déferlante. Jack entre)

JACK : vous savez s’il avait plu davantage j’aurais eu des branchies.

(Un pistolet face à lui)

JACK : wow, tout doux, Annie Oakley (voir Wikipédia, ndr) !

NEIL : restez où vous êtes !

JACK : Écoutez, votre arme a l’air d’une antiquité, si vous appuyez sur la gâchette, vous risquez de vous exploser la main plutôt que de me faire mal. De plus j’ai euh… ce petit truc qui fait que ce genre d’arme est un peu obsolète.

NEIL : que voulez-vous ?

JACK : personne ne vous a dit que vous étiez différent à la télé ? Je n’arrive pas à dire pourquoi. Oh attendez, c’est le fauteuil roulant, le gars de  la télé n’a pas de fauteuil ! Écoutez, je sais que ce n’est pas vous qui serrez la main de tous les despotes et les dictateurs depuis ici jusqu’à la ligne de changement de date ( ? pas compris l’expression, ndr). La question est celle-ci : savez-vous qui est-ce ? Mais avant tout ça, pourrais-je vous emprunter une serviette ?

(Changement de scène. Le bruit d’une serviette et d’une pendule, ainsi que la pluie qui tombe en bruit lointain)

JACK : oh c’est beaucoup mieux ! Merci. Et vous pouvez baisser votre arme maintenant, vous savez ? Si je voulais vous tuer je l’aurais fait.

NEIL : me tuer ? Vous avez appuyé sur la sonnette d’entrée.

JACK : par pure politesse. J’ai de bonnes manières. Le code de votre porte est le 25911050. C’est la date de naissance de votre mère mais à l’envers.

NEIL: bon sang mais comment savez-vous cela ?

JACK : eh bien, d’une, et sans vous offenser, c’est un peu évident. De deux je l’ai piraté il y a 3 jours. Votre arme ?

Neil : d’accord, d’accord. Mais si tentez quoi que ce soit j’ai un panic button (bouton sur lequel on appuie quand on est paniqué pour tout verrouiller et appeler la police, ndr). La police peut débarquer en masse dans la minute.

JACK : vous avez ma parole.

NEIL (pose l’arme) : alors qui êtes-vous ? Pas de la police !

JACK : absolument pas, bien que les uniformes soient assez stimulants.

NEIL : et vous ne faites pas partie de mes adversaires.

JACK : non.

NEIL : alors qui ?

JACK : Torchwood.

NEIL (se racle la gorge) : ça n’existe pas.

JACK : certains disent la même chose des sosies, M.Redmond. Et pourtant nous sommes bien là.

NEIL : que savez-vous au juste ?

JACK : je sais que tout a commencé dans le sud de la France en 2004.

(Changement de scène. Dans une voiture)

NEIL (répond à son portable) : Écoutez, je suis de retour à Londres demain matin première heure. Depuis Nice, ça prend environ 2 heures donc je serai sûrement vers Sutther… Oui, oui je serai là à temps pour la réunion. Saint-Tropez. (répète) Saint-Tropez ! Une fête en l’honneur du Prince Fizo Ben quelquechose ou que sais-je. Ouais, hé, j’en sais pas plus non plus. Mais on m’a invité et on m’a dit que Johnny Depp y serait aussi alors… D’accord. Eh bien Écoutez, (les pneus crissent) : hey, ralentissez ! Nous avons le temps… hey j’ai dit de ralentir je vous prie ! (à lui-même) slow down, comment on le traduit en français (de retour sur son portable) veuillez m’excuser. Hey, bon sang que faites-vous ? Vous m’entendez ? Si vous ne ralentissez pas…. Oh mon dieu !

(La voiture se crashe et Neil crie)

(Changement de scène. Jack et Neil)

JACK : vous savez j’ai trouvé votre dossier médical. En voilà une vraie liste de blessures que vous avez eues. Les 2 jambes brisées, moelle épinière sectionnée, le bassin fracturé, ainsi que le crâne, blessures aux lobes préfrontaux, trauma rétinien. Les médecins étaient convaincus que vous ne remarcheriez plus jamais.

NEIL : tout le monde est au courant pour l’accident de voiture. C’est loin d’être confidentiel.

JACK : Hm. Vous avez déjà entendu parler du Comité ? Une organisation secrète qui tire les ficelles de tous les gouvernements et corporations du monde.

NEIL : vous parlez des bêtises de ce George Wilson ?

JACK : lui-même.

NEIL : alors oui j’ai entendu parler du Comité. En général tard le soir au moment de changer de chaîne de télé, dans un documentaire, (rit doucement) êtes-vous sur le point de me dire que vous pensez qu’ils sont réels ?

JACK : Je ne pense pas qu’ils sont réels. Je le sais.

NEIL : vous me faites regretter d’avoir posé mon arme. Vous êtes fou !

JACK : que vous souvenez-vous de l’accident ?

NEIL : j’en ai parlé mille fois. On m’a dit que j’étais au téléphone avec mon adjointe à Londres, elle m’a entendu dire au chauffeur de ralentir, la ligne fut coupée et voilà !

JACK : George Wilson pense qu’il s’agit d’une tentative d’assassinat.

NEIL: George Wilson était cinglé.

JACK : et le chauffeur de la limousine ?

NEIL : Jacques Fournier ? C’est drôle. Je ne me rappelle son nom qu’à cause de l’accident. J’ai eu tellement de chauffeurs dont j’oubliais le nom dès que je descendais de la voiture.

JACK : votre adjointe vous a-t-elle dit quelque chose cette nuit-là ?

NEIL : rien.

JACK : pas un mot ?

NEIL : pas que je souvienne. Pourquoi ?

JACK : cela ne vous va-t-il pas paru étrange ?

NEIL : je… j’imagine.

(Changement de scène. Bruit d’avions, à vérifier)

NEIL (hèle un chauffeur et parle fort) : hey, euh, bonjour, vous êtes Jacques ? Oui ? Jacques ? Parfait. Écoutez, je dois aller à Avignon d’abord ? Avignon oui ! Vous comprenez ? Avignon ? Bien, bien. Bon, bon (en français dans le texte, ndr). Ensuite Saint-Tropez. Ok. Allons-y ! (en français dans le tete, ndr)(il monte dans le taxi et celui-ci s’éloigne).

(Changement de scène. Jack et Neil)

NEIL : j’ai eu l’impression qu’il ne parlait pas du tout anglais et mon français…il est merde (en français dans le texte, ndr) !

JACK : j’ai parlé à sa veuve. Il parlait couramment anglais. Il a appris en Bosnie avec les forces de la Paix de L’Union Européenne. Cela tombait bien avec sa mission.

NEIL : attendez ! Vous avez parlé avec elle ?

JACK : j’ai fait mes devoirs. Je sais comment on procède, croyez-moi !

NEIL : alors peut-être qu’il n’était pas d’humeur bavarde. Il est mort, qu’est-ce ça change aujourd’hui ?

JACK : sa veuve m’a dit que ce jour-là son attitude était inhabituelle. Il a quitté la maison sans dire au revoir, il semblait distant, un peu hébété. Comme s’il était en transe.

NEIL cela ne prouve rien.

JACK : il voyait un thérapeute dans les mois qui ont précédé l’accident. Il souffrait d’un syndrome de stress post-traumatique depuis l’armée.

NEIL : et ? Êtes-vous en train de dire que c’est pour cela qu’il a causé l’accident ?

JACK : Son thérapeute s’appelait Dr. Sophie Rousseau.

NEIL : ce nom ne m’évoque rien.

JACK : spécialiste en hypno-thérapie. Elle a été tuée, poignardée à mort une semaine après votre accident. Elle avait comme autre patient le type armé de la fusillade de  Strasbourg de l’année précédente.

NEIL : et tout cela signifie, quoi, au juste ?

JACK ; que rien de ce qui vous est arrivé ces dernières années est un accident. Tout était prémédité. Et une partie de vous devait s’en douter.

NEIL : je vous assure, quoi que vous vouliez dire, ou insinuer, je ne suis absolument pas au courant.

JACK : permettez-moi d’en douter ! Comment expliquer alors votre miraculeuse résurrection ? 2 ans après l’accident, vous voilà, sur vos deux jambes, et plus en forme que jamais.

(À la télé. De la musique rock)

JOURNALISTE : des stars de la musique, de la mode et du cinéma s’étaient rassemblées la nuit dernière pour l’annuelle soirée de levée de fonds au Museum of Arts de New York. Mais alors que pendant des années nous avons eu droit au défilé de mannequins et de popstars, cette fois c’est le milliardaire reclus Neil Redmond qui a fait le plus de buzz. (Applaudissements, qui s’éloignent)

(Changement de scène. Jack et Neil)

JACK : je me rappelle avoir vu ça à la télé. Ce genre d’histoires qui fait chaud au cœur. Le type qui se remet complètement d’un terrible accident. J’e n’y ai pas prêté attention. C’est seulement quand j’ai commencé à visionner tous ces extraits que quelque chose m’a frappé. Vous étiez « partout ».

(à la télé des voix de présentateurs s’entrecroisent)

PRÉSENTATEUR : alors que les Protestants se sont rassemblés dans les rues de Berlin les leaders du G8 ont rencontré…

AUTRE PRÉSENTATEUR : … des rumeurs autour d’elle et du milliardaire Neil Redmond ne sont que ragots.

AUTRE PRÉSENTATEUR : le Directeur Général D’artemis s’est entretenu avec…

AUTRE PRÉSENTATEUR : … l’industriel Artemis a connu un bénéfice net de plus d’un milliard et demi…

AUTRE PRÉSENTATEUR : le célibataire le plus courtisé, Neil Redmond, entrepreneur milliardaire…

(toutes ces voix s’éloignent en disant le nom de Neil Redmond sur diverses tonalités)

(Changement de scène. Jack et Neil)

JACK : George Wilson avait raison. Vous faites partie d’un ensemble bien plus grand.

NEIL : d’accord, supposons que c’est le cas. Comment reliez-vous les hallucinations paranoïaques de cet homme à moi ?

JACK : sa fille Kate.

NEIL : celle qui a disparu ? N’est-elle pas un suspect ?

JACK : exact. Elle a disparu le jour où il fut assassiné. La dernière fois qu’on l’a vue c’était dans un aéroport de Cardiff, des images d’elle de caméras la montre s’éloignant à bord d’un avion qui vous appartient.

NEIL : Et alors ? C’est mon aéroport le plus proche. Je voyage depuis cet endroit tout le temps.

JACK : vous alliez à New York pour une autre foire aux armes. Et sans avoir à être ravitaillé en carburant, votre avion a fait un détour impromptu vers Stephenville, Newfoundland.

NEIL (rire nerveux) : laissez-moi deviner : c’est à Stephenville que Kate Wilson est descendue de mon avion ?

JACK (rit aussi) : c’est à vous de me le dire.

NEIL : pourquoi ne pas interroger les gens de Stephenville ?

JACK : je le ferais. Excepté 3 membres de l’équipage au sol et 2 de la tour de contrôle qui ont trouvé la mort dans un incendie dans un bar deux semaines plus tard. Vous savez on dit que les plus grands complots impliquent le minimum de conspirateurs. Mais j’en doute. Je pense qu’ils impliquent beaucoup de personnes dont la plupart ignore tout du complot, et ne vivent pas assez longtemps pour le découvrir. Prenez Ovide par exemple.

NEIL : Ovide ? J’ignore de quoi vous parlez !

JACK : je pense que nous avons dépassé le stade de la timidité évasive non, M. Redmond ? Quand vous ont-ils contacté ? Était-ce à l’hôpital ? (commence à raconter) : vous étiez inconscient durant six semaines. Et vous êtes fils unique. Vos parents sont morts tous les deux quand vous aviez 18 ans. D’après le registre de l’hôpital les seules visites que vous avez eues durant ces six semaines furent celles de votre adjointe Allison McCall, et d’un délégué du Consulat Britannique de Marseille. Plutôt tragique non ? Mais ils ne furent pas les seuls à vous rendre visite, n’est-ce pas ?

(Changement de scène. À l’hôpital. Une porte s’ouvre et quelqu’un entre)

NEIL baille.

FEMME (joviale) : Bonjour, Monsieur Redmond !

NEIL (faiblement) : qui êtes-vous ?

FEMME : vous pouvez m’appeler mademoiselle Trent. Quel fichu accident que le vôtre n’est-ce pas ?

NEIL (se relève) : qui vous a laissée entrer ? Je… Infirmière !!

FEMME : Chut, là, je suis pour vous aider.

NEIL : de quoi parlez-vous ?

FEMME : nous savons tous les deux que votre place en tant que figure publique d’Artemis est terminée. Un simple coup d’œil sur votre état et ils penseront à la mort, oui ! Pas très compatible avec le standing de votre entreprise. Et c’est là qu’Ovide intervient. Là laissez-moi vous montrer quelque chose ! (appuie sur quelques touches et on entend une musique de vacances tropicales)

VOIX FÉMININE : Pénétrez dans un monde de plaisirs illimités avec la poupée vivante du système Ovide…

(Changement de scène. Jack et Neil)

JACK : vous ont-ils dit qu’ils travaillaient pour Ovide, hein ? Est-ce que tout cela vous a paru honnête, l’un de ces gadgets de luxe pour un homme qui avait déjà tout ?

NEIL : comment avez-vous su pour ça ?

JACK : vous savez mon job m’amène parfois vers des chemins bizarres. Un jour vous mesurez un pic d’activité de la Faille dans un kebab à Grangetown, un autre jour vous vous envolez pour Minneapolis pour enquêter sur une usine qui fabriquait, eh bien, des « poupées de luxe » comme on pourrait les appeler.

NEIL (bégayant) : Écoutez, là, c’est quoi ?

JACK : détendez-vous, je ne savais pas que ce serait aussi direct que ça, vous savez,  vous deviez vous sentir un peu seul là-bas. Deux jours après votre sortie de l’hôpital, vous avez créé une filiale d’Artemis que vous avez appelée Paffos Holdings. Une entreprise créée uniquement dans le seul but de racheter les poupées d’Ovide et son usine.

NEIL : c’est ce qu’elle m’a dit de faire.

JACK : elle ?

NEIL : mademoiselle Trent. Celle qui m’a aidé. Elle disait que cela empêcherait toute fuite vers la presse.

JACK : et cela ne vous a pas gêné, tous ces gens qui ont perdu leur emploi à Ovide?

NEIL : les gens perdent leur emploi tous les jours…

JACK : certains ont perdu bien plus !

NEIL : que voulez-vous dire ?

(Changement de scène. Jack tapote des numéros de téléphone)

JACK (narrateur) : l’usine Ovide est une coquille, aucune piste trouvée. L’endroit a été complètement nettoyé. J’ai donc contacté d’anciens employés de l’usine.

JACK : Oh bonjour. Pourrais-je parler à Hank Shroeder ? Je suis navré d’entendre ça. Écoutez,  je vais être franc avec vous ceci est un appel de prospection commerciale. Mais je suis désolé de vous avoir dérangé, au revoir. (Jack appelle quelqu’un d’autre) : Bonjour, pourrais-je parler à Lorraine Anderson ? Non c’est un appel d’entreprise de… oh, toutes mes excuses, je l’ignorais. Je vais retirer immédiatement le nom de votre femme de nos listes et je m’excuse. (Jack appelle quelqu’un d’autre) : Bonjour, Peter Manfrey ? Je vous appelle de la part de… (soupire) non nous n’avions pas ce renseignement dans notre dossier, je suis vraiment navré de l’apprendre. Non, non, non, nous ne vous importunerons plus jamais.

(Changement de scène. Jack et Neil)

NEIL ils étaient tous morts ?

JACK : pas tous. Six, en tout. Deux de l’équipe de design, trois de l’atelier et un de la communication. Les six personnes qui l’auraient vu avant lui ont été expédiées.

NEIL : vu quoi ?

JACK (irrité) vous savez de quoi je parle.

(Changement de scène. Un chien qui aboie ? Difficile à distinguer le son)

JACK (narrateur) : après Saint-Tropez, vous avez acheté un château au pays de Galles. Celui-ci. Vous vous y êtes enfermé. Vous êtes devenu un ermite. Vous savez, vous avez faut du bon boulot en fermant cette usine de poupées de luxe Ovide. Mais on laisse toujours une trace. Dans ce cas présent, c’est le bordereau du cargo de Minneapolis. Une seule caisse avec les dimensions que je recherchais a été expédiée vers le Royaume-Uni dans les six mois qui ont suivi votre sortie d’hôpital. Et son adresse de livraison ? Le château de St-Gallows, dans la vallée noire.

(Changement de scène, bruit d’un ascenseur)

JACK (narrateur)  j’aimerais savoir, c’était comment votre première rencontre ? Mh, plutôt un peu bizarre ?

MISS TRENT : et rappelez-vous, ne trichez pas ok ! C’est bon vous pouvez ouvrir les yeux maintenant !

NEIL : mon dieu !

MISS TRENT : n’est-il pas sublime ?

NEIL (petit rire) : c’est moi !

MISS TRENT : bien sûr que c’est vous ! Là vous appuyez sur ce bouton pour l’activer. Et appuyez de nouveau si vous deviez l’éteindre. Bien que j’ai du mal à imaginer que vous le feriez.

(Neil rit)

MISS TRENT : allez-y !

NEIL (appuie sur le bouton) d’accord, d’accord.

MISS TRENT : dites bonjour !

(Bruits d’ordinateur)

NEIL : bonjour !

VOIX DE NEIL (avec un petit effet robotique) : bonjour Neil.

NEIL (incrédule et stupéfait) : quoi ? Il a… il a ma voix.

NEILBOT (Neil + robot, le clone de Neil) : ma voix a été formée d’après plus d’une cinquantaine d’heures d’enregistrements effectués par Miss Trent et son équipe.

MISS TRENT : malgré cela il aura besoin de nouvelles entrées pour absolument devenir vous.

NEIL : mais une seconde, comment cela est-il possible ? Je veux dire c’est mon métier, la conception de logiciels et je sais pertinemment que la technologie ne peut justement pas…

MISS TRENT (le coupant) Oh allons donc, M. Redmond. À votre pourquoi nous avons demandé de vous reclure dans cet endroit ? Un homme aussi riche et moderne que vous se doit de connaître la réputation de Cardiff.

NEIL : sa réputation ?

MISS TRENT : son, comment dire, marché gris en technologies qui dépassent nos rêves les plus fous ? (elle s’éloigne) : bon je vais vous laisser tous les deux faire plus ample connaissance.

NEIL : attendez, vous partez ? Mais je ne comprends pas toujours pas ! Vous avez dit qu’on fixerait un prix le moment venu. Eh bien si c’est pas maintenant ce ne sera jamais ! Et combien d’argent voulez-vous pour tout ça ?

MISS TRENT (entre dans l’ascenseur) : vous saurez quand le moment sera venu. Et nous ne voulons rien de si vulgaire que l’argent. Au revoir M. Redmond.

NEIL : au…revoir. (au robot, petit rire nerveux) Alors, comment dois-je vous appeler ?

NEILBOT : vous pouvez m’appeler Neil. C’est ainsi que tout le monde m’appellera. Ou alors « Monsieur » bien que je trouverais cela inapproprié.

NEIL : impossible. Je ne peux pas vous appeler Neil. C’est trop !

NEILBOT : autre chose alors. Votre deuxième prénom est John.  Vous pourriez m’appeler ainsi.

NEIL (tremblant) : ah non, non c’était le prénom de mon père. J’ai du mal à croire à quel point vous me ressemblez ! (Soupire) : c’est comme si je me regardais dans un miroir. En fait non, c’est pas ça,  c’est comme une photo, une très vieille photo de moi. Approchez, s’il vous plait…

(NEILBOT s’avance)

NEIL : vous êtes incroyable !

NEILBOT : merci.

NEIL : non, non, merci à vous ! J’ignore comment ils vous ont fabriqué. Mais vous êtes un miracle ! C’est comme si on me donnait une seconde vie. Une autre occasion de faire tout ce que je n’ai pas pu faire avant. Je sais ! Je vais vous appeler « N.J ».

NJ : N.J ?

NEIL : mes initiales.

NJ : j’aime bien.

(Changement de scène. Jack et Neil)

JACK : et alors ? Deux ans entre votre accident et votre première apparition publique ? Que s’est-il passé ?

NEIL : à vous de me le dire. Vous semblez tout savoir déjà !

JACK : sauf ce qui se passe derrière des portes closes. Là je ne vois pas. La plupart du temps.

NEIL : eh bien il y avait son induction dont il fallait s’occuper. Ce n’était pas aussi simple que de juste l’envoyer à ma place à des conférences ou des réunions entre actionnaires. Il me ressemblait. Il me ressemble. Mais ce n’était pas moi. Il y avait son discours déjà, pour commencer.

(Changement de scène)

NJ : Bonjour, il est plaisant de faire votre connaissance.

NEIL : non, non, non !

NJ : ai-je fait une erreur grammaticale ?

NEIL : non, écoute NJ ! Tu as l’air d’une annonce faite dans un aéroport, tu vois le genre ? (imitant) : pour des raisons de sécurité les bagages laissés sans surveillance seront détruits. (reparle normalement) : tu dois avoir l’air plus détendu. Un peu plus décontracté du genre, dis "Hi" au lieu de "Hello" ! Et tu n’as pas besoin de dire « je suis ». Tu es, c’est tout.

NJ : je ne comprends pas.

NEIL : d’accord. Essaie de dire « salut, ravi de vous connaitre » !

NJ (sur un ton pédant mais avec plus d’émotion) : Bonjour, ravi de vous connaitre.

NEIL : hum, faut bosser encore, mais c’est mieux.

(Changement de scène, le tic-tac d’une pendule et le gazouillis d’un oiseau)

NEIL (narrateur) : ça a pris du temps. Il avait toute ma vie, les noms, les dates et les visages enfouis dans sa mémoire. Mais une personne est faite de davantage de choses, vous voyez. Il avait des questions. Tellement de questions.

NJ : avez-vous peur de mourir ?

NEIL : je pense que c’est le cas pour tout le monde. Quand on y pense, à toutes ces choses dont les gens ont peur : la hauteur, l’obscurité, euh, je sais pas. Les serpents. Et qu’est-ce qui les terrifie vraiment ? Le danger, perdre la vie.

NJ : combien de temps pensez-vous que je vais vivre ?

NEIL : tout dépend de ce que tu veux dire par « vivre ». Miss Trent, celle qui t’a fabriqué dit que tu pourrais être éternel. Ta batterie qui n’en est pas une, eh bien, elle pourrait ne jamais s’éteindre. Tu ne vieilliras pas et tu ne te ratatineras pas.

NJ : contrairement à vous.

NEIL : c’est ça, contrairement à moi.

(Changement de scène. Jack et Neil)

NEIL : ce n’est que dans les derniers mois, quand j’ai commencé à l’envoyer au dehors, que les choses ont changé….

JACK : c’est-à-dire ?

NEIL : il devenait plus… plus humain. Au début c’était facile de ne voir en lui qu’une machine. Quelque chose d’irréel. Mais après quelques temps…

(Changement de scène. Bruits et tintement d’argenterie)

NEIL : nous devons parler des diners. Tu vas être invité à beaucoup de diners. Le problème c’est que tu ne manges pas et que tu ne bois pas. Alors on doit chercher un prétexte.

NJ : je pourrais dire que je suis allergique à la nourriture.

NEIL personne n’est allergique à la nourriture. Aux laitages ou au blé oui mais…

NJ : je plaisantais.

NEIL : oh oui, désolé, j’oublie toujours que cela fait partie de ton programme. Et ça (il est en train de manger) c’est délicieux au fait.

NJ : merci.

NEIL : tu le savais, je viens de le remarquer. Ils t’ont même donné mon grain de beauté.

NJ : pardon ?

NEIL (avale sa bouchée): sur ma lèvre. Là, tu vois. Pourquoi ils ont fait alors ils auraient te faire à la perfection ?

NJ : les humains trouvent la perfection dérangeante. De petites imperfections rendent le tout plus humain.

NEIL (rit): parce que l’humanité est intimement imparfaite.

NJ : c’est vous qui l’avez dit. Pas moi !

NEIL eh bien j’aime bin. Il vous va bien. Bien mieux que sur moi en tout cas.

NJ : je ne sais pas. Je pense que vous pouvez être très séduisant.

NEIL : non, tu es en train de me flatter. Tu n’as pas besoin de faire ça.

NJ : je suis programmé pour reconnaitre la beauté.

NEIL : alors tu sais que tu es en train de me flatter. C’est encore pire.

NJ : amis je ne mentais pas.

NEIL (pose ses couverts). Eh bien, j’ai terminé. Je ne pourrais pas avaler une autre bouchée.

NJ : comme disait l’actrice à l’évêque.

NEIL (s’étouffe de rire) : qu…quoi ? Quand as-tu appris ça ?

NJ : c’est dans mon programme, rappelez-vous. L’ai-je bien dit ?

NEIL (rit): oui, oui, ce fut parfait. (il baille) je suis fatigué. Si ça te convient je vais me coucher tôt.

(Son d’une chose qui s’éteint)

NEIL : zut !

NJ : qu’y-va-t-il ?

NEIL : la batterie de mon fauteuil. J’aurais dû payer plein pot. C’est ma faute. Peut-être qu’un  peu d’exercice…

NJ : je peux vous emmener à votre chambre. Cela ne me dérange pas.

NEIL : vraiment ? (se parle à lui-même) qu’est-ce que je raconte ? (normalement) vraiment ! Oui bien sûr que tu peux et  ce serait formidable !

NJ : laissez-moi faire !

(NJ porte Neil à sa chambre)

NEIL : tu sais NJ, je pense que tu es presque prêt. Pour sortir. Pour te montrer au monde.

NJ : je suis impatient de voir de nouveaux endroits.

NEIL : mais es-tu, je veux dire, je sais que tu sophistiqué. Mais veux-tu vraiment les voir ?

NJ : absolument !

(Une porte s’ouvre. NJ marche)

NJ : là. Laissez-moi vous aider à vous coucher.

NEIL (soupire) : merci.

NEIL (narrateur) : je crois que c’est à ce moment-là. Peut-être que ça m’avait traversé l’esprit avant, c’est un truc auquel on pense à un moment donné non ? Vous savez ce qu’on ferait si on avait double. Sauf que NJ n’est pas mon double. Il est bien plus que ça.

(Changement de scène)

NEIL : ce sera tout. Merci NJ.

NJ : je pourrais rester. Si vous le désirez.

NEIL : pardon ?

NJ : je suis programmé pour une certaine intimité.

NEIL : tu veux dire…

NJ : nous sommes seuls et ma programmation garantit la discrétion.

NEIL : mais tu es…moi et moi je suis, enfin, (abattu) regarde-moi !

NJ : chut. Je vais rester.

(Jack et Neil)

NEIL : je vous choque ?

JACK : il m’en faudrait beaucoup plus croyez-moi ! Donc vous l’avez envoyé connaitre le monde, et à toutes ces soirées. Ila dû drôlement s’amuser.

NEIL : j’imagine.

JACK : et pendant tout ce temps vous restiez ici.

NEIL eh bien je ne pouvais guère sortir, pas comme ça. Et il était devenu moi par ailleurs.

JACK : et comment c’était ?

NEIL : c’était bien. Au début, j’avais l’impression de retrouver mon ancienne vie.

(Changement de scène. Il pleut. Une voiture s’arrête et NJ en sort, traverse une parcelle de gravillons et ouvre la porte de la demeure de Neil)

NEIL (s’avançant pour l’accueillir) : bienvenue à la maison !

NJ : comment j’étais ?

NEIL : tu as été incroyable ! Non, mieux qu’incroyable ! (bégaye d’excitation) : j’en perds mes mots sérieusement !

NJ : avez-vous vu le direct sur internet ?

NEIL : chaque seconde du live !

NJ : et ?

NEIL : comme j’ai dit tu as été plus qu’incroyable ! La réunion des actionnaires, par exemple, certaines de ces personnes que je connais depuis 10 ou 12 ans, elles n’ont pas eu le moindre doute ! Et quand à la soirée, wow, eh bien…

NJ : étaient-elles à votre goût ?

NEIL : pardon ?

NJ : Paula et Tatiana ?

NEIL (rit) : oui ils (elles, difficile à dire, ndr) étaient tout à fait à mon goût.

NJ : je pense qu’ils ont également apprécié l’expérience. J’ai demandé les coordonnées de Paula. Désirez-vous que je vous fixe un nouveau rendez-vous ?

NEIL : qu’est-ce qu’on a dit à propos de ta voix de robot ?

NJ : je suis désolé. (parle plus normalement) : Je possède le numéro de Paula.

NEIL : c’est mieux.

(Jack et Neil)

JACK : vous avez dit que c’était bien au début. Que s’est-il passé ensuite ?

NEIL : il a commencé à changer. De petites choses très subtiles. Il devenait plus… autonome.

(Changement de scène. Une télévision est allumée et une porte s’ouvre)

NEIL : tu es de retour. Je ne t’ai pas entendu rentrer. À quelle heure as-tu atterri ?

NJ : 10h30.

NEIL : ce matin ?

NJ : hier soir.

NEIL : mais c’est presque l’heure du déjeuner ? Pourquoi as-tu mis tant de temps pour revenir ?

NJ : je suis allé à Londres après avoir atterri.

NEIL : je vois.

NJ : je pensais que tu aurais regardé le direct sur internet.

NEIL : non, je te croyais encore en vol, je ne pensais pas…. (Soupire et traine des pieds) : tu es allé à Londres ? Où exactement ?

NJ : en discothèque. Plusieurs, en fait.

NEIL : oh, je…euh, d’accord.

NJ : ai-je mal fait ?

NEIL (doucement) : non, c’est juste que… si tu veux faire quelque chose que je suis censé faire ou vouloir euh…voir, il faut juste que, tu vois, tiens-moi au courant !

NJ : je comprends.

NEIL : et tu l’as fait ?

NJ : je télécharge l’enregistrement complet immédiatement. Peut-être que vous voudrez faire avance rapide sur les scènes de l’aéroport. Je pense que la partie la plus divertissante de l’enregistrement commence vers deux heures du matin.

NEIL (tousse) : d’accord. Et à propose de la réunion de vente de Galatine,  c’était comment ? J’ai raté quelques heures du livestream en m’endormant.

NJ : j’ai rencontré des délégués de Chine, d’Inde et d’Israël.

NEIL : et ?

NJ : j’ai anticipé le projet de vendre Galatine  à ces trois pays.

NEIL : oh, super nouvelle. Bravo !

(Jack et Neil)

NEIL : j’ai été stupide. J’aurais dû le sentir arriver plus tôt.

JACK  que cela se passerait ?

NEIL : je  commençai à lui en vouloir.

(Changement de scène. NJ ouvre une porte et entre)

NJ (appelle) : bonjour je suis rentré, bonjour ! (ton normal) : je vous appelais.

NEIL : je t’ai entendu.

NJ : est-ce que tout va bien ?

NEIL (irrité) : tout va bien.

NJ : je suis programmé pour interpréter près d’un demi- million de gestes et de micro-expressions. Et je vois que vous êtes agacé.

NEIL : exactement. Tu es programmé pour faire ça.

NJ : désirez-vous rester seul ?

NEIL : non. Comment c’était à Tokyo ?

NJ : ce fut un succès. Je croyais que vous regarderiez le livestream.

NEIL : c’est le cas.

NJ : alors vous êtes au courant, on a finalisé le contrat.

NEIL : oui.

NJ : alors pourquoi me demander comment ça s’est passé ?

NEIL : parce que peut-être voulais-je plus que le compte-rendu.

NJ : c’est-à-dire ?

NEIL : l’endroit…où ils t’ont emmené.

NJ : vous avez regardé le livestream jusque-là aussi ?

NEIL : bien-sûr.

NJ : et ma… performance vous a-t-elle satisfait ?

NEIL : tu as été parfait.

NJ : et pourtant vous êtes agacé. À cause de moi. Qu’ai-je fait ?

NEIL : tout.

NJ : je ne comprends pas.

NEIL : tu as rencontré de homologues, signé des contrats, serré la main de Présidents et de Premiers Ministres, couché avec de beaux hommes et de belles femmes. Tu… as tout fait !

NJ : c’est ce pourquoi l’on m’a programmé. Voulez-vous que j’arrête ?

NEIL : non.

NJ : je m’en doutais. Et pourquoi n’irions pas nous coucher ? Je suis certain que tout ira mieux demain.

(L’alarme de la maison de Neil se déclenche)

NEIL (baille) : merci. L’alarme est déclenchée, non, ne snooze pas, je suis réveillé.

NJ : bonjour, Neil.

NEIL : c’est quoi ?

NJ : petit-déjeuner au lit. Votre préféré. Œufs Bénédicte, jus d’orange et café.

NEIL : merci. Tu es élégant.

NJ : je pars d’ici peu.

NEIL : je n’ai pas d’agenda pour la journée. Où va-t-on ?

NJ : St-Petersbourg.

NEIL : la foire aux armes, mais je pensais qu’on y envoyait Allison, pour faire profil bas ?

NJ : j’ai pensé que ce serait préférable d’y assister en personne.

NEIL : mais écoute (hésitant) si on y va, si tu y vas. On a va attirer l’attention et avec la mauvaise presse que tout cela prend en ce moment…

NJ : seulement sur les journaux qui ont un faible impact sur le marché. Le résultat de cette publicité négative sera infime.

NEIL : ah, tu as étudié la question.

NJ : en effet. Et je pense que les Russes vont y répondre favorablement. À la fois devant nos visages connus et à la présence d’un représentant masculin.

NEIL : un peu sexiste.

NJ : j’ai  basé mon étude sur des conclusions de jeux de genres et de pratiques commerciales russes.

NEIL : évidemment.

NJ : la probabilité que nous signions le contrat pour la vente de Galatine sera plus grande si nous sommes présents.

NEIL : je vois. Et comment est ton russe ?

(NJ répond en russe parfait)

(Jack et Neil)

NEIL : je le regardai aux infos quand vous avez débarqué en me  parlant d’Ovide, et du Comité, et de George Wilson. Et je ne comprends toujours pas. Pourquoi ? Si ce que vous me dites est vrai, le Comité sont ceux qui ont prémédité mon accident, fomenté tout avec Ovide, pourquoi font-ils tout cela ?

JACK : dites m’en plus sur Galatine.

NEIL (rire nerveux): je vois. C’est donc de cela dont il s’agit. Du chantage. Passez-moi les ???, les plans, ou tout ça va à la presse. C’est ça ?

JACK : je vous promets. Je ne sais pas comment marche Galatine, je n’ai aucune envie de donner ça à la presse. Je veux juste savoir ce que c’est.

NEIL : d’accord. En termes profanes, c’est une intelligence artificielle intégrée pour missiles. Disons par exemple que cette usine à bombe est une école. Ou que ce convoi d’insurgés est une noce de mariage.  L’arme peut choisir de ne pas exploser. Ou même de dévier de sa cible à une demi-seconde de l’impact. Imaginez qu’on puisse annuler la troisième guerre mondiale après que tout le monde ait appuyé sur le bouton rouge. Bonne nouvelle. L’apocalypse est annulée.

JACK : et qui a conçu le logiciel ?

NEIL : eh bien, évidemment. Un projet de cette ampleur doit forcément avoir mon nom dessus.

JACK : n’importe qui peut y avoir accès ?

NEIL : bien sûr que non. Cela devient plus difficile d’empêcher les fuites. J’ai insisté pour une discrétion absolue. Je suis le seul à y avoir travaillé de bout en bout.

JACK : sauf que ce n’est pas le cas.

NEIL : vous pensez à NJ ? Mais il n’est qu’un robot...

JACK : avec tout ce que vous m’avez raconté ce soir, nous savons tous les deux que ce n’est pas vrai.

NEIL : il suit mes ordres. Impossible qu’il puisse trafiquer ou toucher à Galatine, si c’est ce que vous insinuez.

JACK : alors pourquoi avez-vous si peur de lui ?

NEIL : je n’ai pas peur. Notre relation est peu ordinaire mais j’ai le contrôle total.

JACK : alors vous êtes au courant que lorsqu’il s’est rendu en Russie il a rencontré des agents de trois organisations terroristes ?

NEIL : vous mentez !

JACK : vous savez que non. Vous devez le désactiver.

NEIL (doucement): je ne peux pas !

JACK : c’est une machine, et il travaille contre vous, contre nous tous. Il doit y avoir un moyen de le désactiver. (Ordonnant) : éteignez-le !

NEIL : oui il y a un moyen mais je ne peux pas le faire.

JACK (doucement mais agacé) : Pourquoi ?

NEIL : parce que je l’aime.

(Une voiture s’arrête à l’extérieur de la maison de Neil)

NEIL : oh mon dieu c’est lui. Il est de retour. Vous devez partir !

JACK : je ne vais nulle part.

(NJ entre)

NEIL : bienvenue à la maison !

NJ : avez-vous vu les journaux de demain ?

NEIL : non, je…

NJ (le coupant) : le Guardian parle d’un ours qui s’accroche à un bloc de glace. The Time parle de l’Euro. Et le Telegraph a une superbe image de Freddy Flintoff. Rien sur la conférence. Vous n’aviez pas à vous en faire.

NEIL : il y a quelqu’un… ici.

NJ : c’est quoi ?

NEIL : quelqu’un que j’aimerais te...

(Jack s’approche)

JACK: salut, Jack Harkness!

NJ: bonjour.

NEIL : Jack est un vieil ami.

NJ : et il sait pour nous. Pour moi. Visiblement.

JACK : tout va bien. Mes lèvres sont closes. Mais j’avoue que je suis impressionné. Vous ressemblez exactement au Neil dont je me souviens. Votre créateur, qui que ce soit, est un artiste.

NJ : Neil ne m’a jamais parlé de vous.

NEIL : ah bon (rit) oh mais Jack et moi, c’est une longue histoire !

JACK: Miami, 1998, c’est ça?

NEIL: 1999!

(Jack ricane)

NJ : pourquoi son visage n’est-il pas grave dans ma mémoire ?

JACK : je ne suis pas un industriel. Nos chemins auraient eu du mal à se croiser.

NJ : cela reste une erreur. Nous aurions pu nous croiser quelque part.

NEIL : mais c’est le cas maintenant !

JACK : et c’est un plaisir de vous rencontrer enfin.

NJ : vous ne vous êtes jamais envoyé de mails, sinon je l’aurais su.

NEIL (bégayant) : Jack est l’un des rares à qui j’écris des lettres.

JACK : je suis de la vieille école pour ça.

NJ : vous êtes un technophobe ?

JACK (rit) : Je n’irai pas jusque-là. Certains de mes meilleurs  amis sont des robots.

NJ : vous entendez ça, Neil ? (petit rire) : Cela est drôle. (Il marche) ; je  dois me changer mais pourquoi ne pas nous rejoindre au salon pour m’en dire plus sur vous, Monsieur… Harkness ?

JACK : c’est une excellente idée.

NEIL (à Jack) : vous devriez partir.

JACK : juste quand ça commence à être intéressant ?

NEIL : il sait qu’on lui ment. Il est programmé pour le savoir.

JACK : ouais et moi je veux savoir qui l’a programmé !

(Changement de scène. Il pleut dehors)

NJ : rien de tel au toucher que le coton pur.

JACK : vous pouvez ressentir le toucher.

NJ : ma peau est composée d’un milliard de capteurs. Ils détectent la pression, la température,… le toucher. Neil vous va-t-il offert à boire ?

JACK : non, je…

NJ (le coupant): oh Neil, cela n’est pas très poli. Nous avons d’excellents single malts. Si vous êtes amateur.

JACK : non, merci.

NJ : alors Jack. Dites m(en plus sur vous ? Où vous ai-je déjà vu ?

JACK : à Miami, j’organisais des animations de pêche sur la côte là-bas.

NJ : nous pêchons ?

NEIL : une fois. Nous n’étions pas forts.

NJ : mais vous êtes restés en contact.

(Jack soupire)

NEIL : c’est ça !

NJ : et les choses étaient-elles… platoniques entre vous ?

NEIL : NJ !

NJ : quoi ? Il est très séduisant. Et vous vous êtes connu avant l’accident donc vous deviez être séduisant aussi.

NEIL : nous, Jack et moi…

JACK (le coupant) : toute la nuit ! Toute la nuit !

NJ : Oh Neil, Imaginez un peu ! Rencontrer  quelqu’un qui vous désire pour ce que vous êtes ! J’ai le sentiment d’un vague souvenir. Et qu’est-ce qui vous amène ici Jack, Le travail ou les loisirs ?

JACK : je suis venu voir Neil. Pour lui tenir compagnie.

NJ : il n’est quasiment jamais seul.

JACK : sans doute mais j’ai l’impression qu’il se sentait seul.

NJ : est-ce le cas, Neil ?

NEIL : non, non, non, pas du tout. Mais j’imagine que quand tu n’es pas là…

NJ : tu as les livestreams !

NEIL : oui mais c’est différent de parler à quelqu’un. Face à face.

NJ : et je suppose que quand je suis là n’avoir qu’une seule personne, vous, pour compagnie peut être lassant.

NEIL (hésitant) : je n’ai pas dit ça !

NJ : eh bien c’est un délice de vous avoir avec nous, Jack !

JACK : vous savez, Neil ne m’avait pas mis au parfum de votre arrangement depuis un bail.

NJ : ah bon ?

JACK : pas avant que je ne vous voie à la télé. Après l’accident. J’étais à la conférence de presse de Palo Alto.

(Changement de scène, une énorme foule acclame bruyamment)

NJ : merci ! Merci ! Wow wow, je ne sais que dire ! Ces dernières années furent un incroyable voyage. Mais le fait de vous voir ici rend chacun de ces moments uniques.

(Retour à la scène précédente)

JACK : et quand je vous ai vu, j’ai su que quelque chose avait changé.

NJ : c’est-à-dire ?

JACK : votre façon d’être. Je me souviens de vous à Miami mais vous avez changé. Vous étiez séduisant.

NJ : je n’étais pas séduisant avant ?

JACK : vous étiez attirant mais maintenant vous êtes radieux !

NJ : oh arrêtez ! Vous allez rendre Neil jaloux ! Mais alors que s’est-il passé ?

JACK : c’est quand j’ai su que j’allais vous rencontrer.

NJ : je vois, en fait. Maintenant je crois comprendre. Vous aimez l’art, Monsieur Harkness ?

JACK : l’art ?

NJ : vous savez, la peinture, la sculpture, les beaux objets ?

JACK : oui.

NJ : nous avons une merveilleuse galerie ici, pas vrai, Neil ?

NEIL (dubitatif): oui… ?

NJ : certains objets viennent de ventes aux enchères. D’autres étaient là avec la maison. Le Francis Bacon est sublime ! L’un de ses chefs-d’œuvre je trouve. Ce que je préfère chez Bacon c’est sa façon de peindre la sexualité. Pas en fantasme ni en romance. Mais c’est quelque chose de physique. Urgent. Dévastateur. Venez, je vais vous montrer (il se lève)

NEIL : je, je ne crois pas que cela intéresse Jack.

NJ : laissons-le décider lui-même ! Voulez-vous voir la galerie, Jack ?

Jack (calmement) : je pense que oui. (Il se lève)

NJ : alors suivez-moi, c’est juste à l’étage.  C’est un peu compliqué pour Neil. Et l’ascenseur est trop lent. Vous feriez mieux de nous attendre ici, non ?

NEIL : pourquoi fais-tu ça ?

NJ : parce que je le peux. Non, ne vous levez pas. Nous ne serons pas longs.

(Une porte s’ouvre)

NJ : par ici.

JACK : est-ce que ça ira pour Neil, tout seul ?

NJ : mais il n’est pratiquement pas seul il est avec nous, en ce moment-même.

JACK : vraiment ?

NJ : le livestream (retransmission en direct). Tout ce qu’il a à faire c’est de se connecter. Et il peut voir ce que je vois. Entendre ce que j’entends. La seule qu’il ne puisse faire c’est toucher, ressentir.

(Changement de scène. Il pleut. Quelqu’un (Neil ?) pleure. Bruits de pas.

JACK (dans le livestream) : donc c’est ainsi que ça marche. Il vit sa vie par procuration à travers vous ?

NJ (dans le livestream) : en quelque sorte. J’imagine. N’est-ce pas Neil ? Nous y voici, la galerie !

(Changement de scène, Jack et NJ)

JACK : c’est magnifique !

NJ : c’est un de mes préférés. Narcisse qui s’admire dans son reflet. Peint à Rome à la fin du 16ème siècle.

JACK : je crois savoir pourquoi vous l’aimez tant.

NJ : vous me trouvez narcissique ?

JACK : je pense que passez la journée à voir votre reflet.

(Changement de scène, depuis la réception du livestream. Tout est silencieux)

NJ : est-ce que vous faites de l’humour ? Vous trouvez que Neil et moi nous nous ressemblons ? Il y a quelque années peut-être mais aujourd’hui… Je sais la raison de votre venue, Jack.

JACK : ah bon ? Et quelle est-elle ?

NJ : la curiosité. Vous dites que c’est pour tenir compagnie à Neil mais nous savons tous les deux que ce n’est pas pour ça.

NEIL : non…

(Changement de scène, Jack et NJ)

NJ : vous deviez vous assurer si j’étais meilleur que lui, Jack. Mais oublions Neil et cette histoire inventée d’organisateur de pêche… Vous êtes venu pour m’arrêter n’est-ce pas ? Vous êtes là pour vaincre le monstre du château. Comme un péquenaud muni d’une fourche dans un de ces vieux films d’horreur. Sauf que maintenant que vous là vous avez autre chose en tête.

JACK : qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

NJ : il existe 2 types de personnes, Jack. Celles qui veulent que les choses restent ce qu’elles sont et celles qui recherchent de nouvelles expériences. Vous faites partie de celles-là. Je le vois en vous. Vous êtes en train de vous interroger, ma peau est-elle chaude au toucher ? En plein ébat est-ce que je transpire ? Quand nous sommes ensemble est- ce que j’émettrai un son, suffoquant et gémissant de plaisir ? Ou resterai-je silencieux ?

JACK : vous m’avez l’air d’être sûr de vous !

NJ : Vous êtes le deuxième homme à savoir qui je suis vraiment. Si j’étais à votre place ces questions me dévoreraient. Avides d’une réponse. Alors. Répondez-y !

(Changement de scène. Des bruits forts. Visiblement ils forniquent dans la galerie. Neil pleure en voyant la scène via le livestream)

JACK (Haletant): pourquoi faites-vous ça ?

NJ (essoufflé) : que voulez-vous dire ?

JACK : ce n’est pas pour lui. Quel bénéfice en tirez-vous ?

NJ : pourquoi  tant de questions, Jack ? N’analysez pas trop l’instant. Je suis un fantasme. Je suis soit l’homme que vous voudriez être, soit celui que vous voulez avoir. Je suis les deux la plupart du temps. Et quand nous aurons fini je ne vous en voudrai pas si vous ne me rappeliez pas, et je ne  vous harcèlerai pas en ligne, ou ne laisserai des messages sur votre répondeur. Je n’ai pas d’états d’âme et je ne boude pas. Je suis parfait. Alors qu’attendez-vous ?

(Après le sexe)

JACK : oh, passez-moi ma chemise ! Merci.

NJ : comment c’était pour toi ?

JACK : original.

NJ : dis-moi que je suis beau.

JACK (légèrement étonné) : tu es beau.

NJ : dis-moi que je suis l’homme le plus beau que tu n’aies jamais vu.

JACK (d’abord hésitant) : tu es le plus beau.

(Une porte s’ouvre violemment et Neil entre en fauteuil par l’ascenseur)

NEIL : comment as-tu pu ?!

JACK : c’est ce que j’appelle une montée rapide. (parlant de l’ascenseur, ndr)

NJ (irrité) : que faites-vous, Neil ?

NEIL (en colère) : tu te souviens de ça ? (il brandit quelque chose) : c’est ton contrôle. Miss Trent me l’a donné quand ils ont fini de te fabriquer. Tout ce que j’ai à faire c’est appuyer sur ce bouton !

 JACK : faites-le, Neil ! Éteignez-le !

NJ : eh bien, Jack, vous avez changé votre fusil d’épaule.

JACK : oh vous aviez raison, je suis venu pour vous stopper et tout cela s’arrête maintenant.

NJ : il n’osera pas. Il a besoin de moi.

NEIL : tu crois ça ? (utilise la chose)

NJ (voix robotique) : non vous ne pouvez pas ! Je… (s’éteint)

NEIL : mon dieu je l’ai fait ! Je l’ai fait ! Je n’arrive pas à croire que je l‘ai vraiment fait !

JACK : est-ce que ça va ?

NEIL : je crois. Mais vous et lui. Vous étiez là pour m’aider.

JACK : je suis désolé d’en être arrivé là mais je devais vous le montrer sous son vrai jour, vous prouver qu’il était contre vous. Vous avez fait ce qu’il fallait faire.

NEIL : je ne l’avais jamais vu comme ça auparavant. C’est comme s’il cherchait à me faire du mal.

JACK : peut-être bien ou peut-être qu’il se fichait de savoir ce que vous pouviez ressentir. Mais dans les 2 cas, c’est, c’est fini.

NEIL : mais que vais-je faire à présent ? Il a été moi depuis si longtemps. Je me sens incapable d’affronter le monde tel que je suis.

JACK : vous trouverez un moyen, faites-moi confiance !

(Encore des bruits électroniques et NJ revient)

NJ (menaçant mais hésitant, voix lasse) : mais que vais-je faire à présent ?  Je me sens incapable d’affronter le monde tel que je suis.

NEIL (essayant désespérément de l’éteindre) : Non, c’est impossible !

NJ (apparemment en train de détruire le contrôleur) : vous pensiez réellement que ce n’était qu’un jouet de plastique bon marché ?

JACK : regardez qui dit ça ?

NJ : drôle, Jack, drôle !

NEIL : que veux-tu de moi ?

NJ : ce n’est pas ce que je veux. C’est ce qu’ils veulent. Ceux qui m’ont fait. Et ils veulent la… guerre.

JACK : vous ne pouvez pas !

NJ : ah non ? (maintient violemment Jack) : laissez-moi deviner ! Vous tentiez de vous munir de votre arme dans votre manteau. Bien essayé ! Jack, s’il vous plait.

NEIL : arrête ! Tu es en train de le tuer !

NJ : cela prouve que tu ne sais pas grand-chose sur notre ami. On ne peut pas le tuer. On peut juste l’assommer un instant.

(Bruits de verre, NJ envoie Jack à travers la fenêtre. Il pleut toujours)

JACK (endolori) : ooh ça fait mal.

(Changement de scène, retour sur Neil et NJ. On entend des bruits de verres ramassées et NJ qui marche)

NEIL (dévasté et commençant à pleurer) : Mais qu’as-tu fait, S(il est mort…

NJ : il ne l’est pas. Peu importe si c’était le cas. Nous pouvons oublier tout ça, Neil. Il y a des moyens de s’arranger avec Harkness. On peut l’enfermer dans un coffre-fort et le jeter à la mer. Il y resterait pour des siècles à se noyer éternellement et personne n’en saurait jamais rien !

NEIL : je ne te laisserai pas faire !

NJ : pourquoi pas ? Veux-tu que tout cela, que « nous » » soyons finis ? Tu veux qu’une crise de jalousie ruine tout ce que nous avons construit ensemble ?

NEIL : Tout ce qu’on a construit ? La société est à moi !

NJ : et sans moi elle serait morte depuis des années. Tu as besoin de moi, Neil. Bien plus que je n’ai jamais eu besoin de toi !

NEIL : ne… ne dis pas ça !

NJ : C’est la vérité, non ? Et regarde-toi maintenant ! Assis à pleurnicher comme un gosse. Je déteste toute cette émotion c’est sans intérêt. Si tu es comme ça maintenant qu’est-ce que ce sera quand le moment sera venu ?

NEIL : que veux-tu dire ?

NJ : quand les missiles pleuvront sur les villes de cette Terre. Pourrons-nous compter sur toi à ce moment -à Neil ?

NEIL : non, non, j’irai tout dire à la presse. Dire au monde entier ce que tu es vraiment !

NJ (marche) : je craignais que tu ne dises cela. J’ai apprécié notre temps passé ensemble, Neil. Vraiment. Mais je pense qu’il est temps de se séparer.

NEIL : NJ, je t’aime !

NJ : je sais Neil et je t’aime aussi.

NEIL (luttant et suffoquant) : non !

NJ : (alors que Neil s’étouffe, NJ est en train de l’étangler) : Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.

(Changement de scène. Dehors. Jack qui grogne de douleur et se remet d’aplomb)

JACK (narrateur) : les jambes sont les plus longs à se rétablir. Ne me demandez pas pourquoi. D’abord c’est la tête et toujours les jambes en dernier. Mais une fois rétabli, il était trop tard.

(Jack retourne dans la maison) :

JACK: hey, Redmond? Oh, non!

NJ : regarde ce que tu m’as fait faire, Jack !

JACK : tu l’as tué !

NJ : j’aurais aimé que tu sois là pour le voir. Pour voir à quel il tenait à moi encore. Jusqu’au bout. C’est de la loyauté, Jack. C’est de l’amour. (arme le Webley, gun) : c’est ça que tu cherches ?

JACK : non, non !

(NJ lui tire dessus)

JACK (narrateur) : ce n’était qu’une égratignure. Mais je n’allais pas m’éterniser près de lui pour lui permettre de faire pire.

(Jack s’enfuit dehors)

JACK (narrateur) : j’avais tenté d’affronter le Comité seul. Maintenant il était temps d’appeler la Cavalerie. Le hic ? Je n’avais aucun moyen de contacter le Hub. Et ma voiture était en dehors de la région à une heure de marche. Mais la voiture de Redmond ? Elle fera très bien l’affaire.

(Jack monte dans la voiture de Redmond et déguerpit)

JACK (narrateur) : comme tout dans la vie de Redmond, sa voiture était du dernier cri. Et rapide. Mais pas assez pour me donner l’avantage. J’ignore à quelle vitesse le robot a couru pour me rattraper, mais ce que je sais c’est qu’il n’avait nulle intention de me laisser partir.

(Les roues crissent et un bruit sourd sur la voiture)

JACK (narrateur) : peu importe ce que j’essayais je n’arrivais pas à me débarrasser de lui. (Les vitres se brisent) : il est entré dans la voiture et j’ai senti ses doigts autour de ma gorge. Écrasant ma trachée et tirant sur mes veines et mes ligaments.

JACK (conduisant) : agh !

NJ : tu ne peux pas gagner, Jack. Tu n’as pas ça en toi !

JACK (narrateur) : je savais que je ne pouvais pas me rendre à Cardiff comme ça. Il ne me restait plus qu’une chose à faire.

(Jack fait crasher la voiture et tout se met à voler. Un moment passe et il pleut de plus en plus à verses. Jack reprend vie et se remet d’aplomb une fois encore).

JACK (narrateur) : ce n’était pas le pire crash de ma vie mais j’ai mis du temps à m’en remettre.  (Jack fouille rapidement dans la voiture) : Le répliquant n’avait pas eu autant de chance. Je le retrouvai à quelques quinze pieds de ce qu’il restait de la voiture. Coupé en deux à la taille, ses deux moitiés éparpillées dans un champ de débris de plastique et de métal.

NJ : (par petit coups de respiration, voix saccadée) : Dis-moi Jack, n’était-ce qu’une ruse ou as-tu vraiment eu envie de… moi ?

JACK : je ne te donnerai pas la satisfaction de te répondre.

NJ : c’est la réponse que je voulais. Je pense que tu vas avoir des explications à fournir, non ?

JACK : je connais des gens qui s’occuperont de ça. D’ici  une heure il ne restera plus aucune trace de ce qui s’est passé ici. La mort de Redmond sera classée accidentelle. Et Galatine ? Hey, disons que je vois les mots « erreur logiciel » sur ma boule de cristal. Alors si tu es en connexion avec le Comité en ce moment-même, dis-leur qu’ils n’auraient pas dû apporter la bataille dans ma ville.

NJ : oh bien-sûr vos amis de Torchwood peuvent disposer de mon corps. Mais le Comité, vous n’avez aucune chance.

JACK : un cas après l’autre nous détruisons leur couverture ! Et quel que soit leur projet l’Humanité le combattra.

NJ (gloussant sombrement) : l’Humanité ? Oh Jack, qui crois-tu les a invités sur Terre en premier lieu ?

JACK : qu’est-ce que ça veut dire ?

NJ (mourant) : ce n’était pas... une invasion, Jack. Ce n’était que... pur business. Tu sais, Neil avait raison. Mourir c’est ce qui effraie tout le monde, au bout du compte (s’éteint définitivement).

JACK (narrateur) : Et il s’en est allé comme ça. Et alors que la pluie retombait encore une fois, j’ai réalisé que ce n’était pas la fin. Mais juste le commencement.

FIN.

Ecrit par chrismaz66 
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choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

CastleBeck, Avant-hier à 11:48

Il y a quelques thèmes et bannières toujours en attente de clics dans les préférences . Merci pour les quartiers concernés.

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